Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: La lave-vaisselle de Joe.
[00:00:02] Speaker B: Un gros, gros lave-vaisselle. Jonathan Poulain. Poulain.
[00:00:06] Speaker A: Poulain. Poulain. Poulain.
[00:00:09] Speaker B: Avec Joe Poulain, on lave pas la.
[00:00:11] Speaker A: Vaisselle à la main. Oh, ça se voit pas à la main. Mais c'est un lave-vaisselle spécial édition, on peut le dire comme ça. On va mettre un projet de loi au lave-vaisselle. Je sais pas comment ça va revirer. Mais une chose est sûre, c'est que ça va être bien récuré et vous allez voir, ça va être propre, propre, propre à la fin de la journée. C'est le fameux projet de loi C-9 sur les discours haineux. Et la grande question que j'aurais à te poser après ma barre, est-ce que Corny, Corny veut punir l'opinion? Est-ce qu'ils veulent sanctionner l'opinion?
[00:00:48] Speaker B: Ben c'est là qu'il est tout le...
[00:00:49] Speaker A: Et c'est maître en passant, maître Poulin. Mes hommages, là tu vas parler en tant qu'avocat. Tu vas nous expliquer les tenants et aboutissants de la loi. On t'écoute.
[00:00:58] Speaker B: Ben oui, la loi qui vient encadrer les discours haineux pis la question à mille piastres c'est mais qu'est-ce que la haine? Parce que votre définition n'est pas nécessairement la même que la mienne.
[00:01:09] Speaker A: Ouais, si j'haïs la haine...
Je me fais-tu best-boyer?
[00:01:13] Speaker B: Tu comptes en mathématiques, j'ai le moins d'honneurs positifs.
[00:01:16] Speaker A: Ouais, c'est ça. En tout cas, quand on rencontrera Carney la semaine prochaine, oui, demandons.
[00:01:22] Speaker B: Non, mais moi, je me souviens dans la dernière campagne électorale, quand on voulait discréditer...
Ici, au Canada, c'est assez soft, la politique, même si on parle de droite et de gauche, pas mal tous centristes. Mais il y en a beaucoup des commentateurs à la télé qui, par exemple, je pense à M. Poliev notamment, qui revenait souvent avec le mot « haine en bouche ». Alors, tu sais, il faut se demander qu'est-ce qu'on vise par ce... Quelles sont les interdictions qui sont dans ce projet de loi-là? Et moi, c'est ce qui m'inquiète, c'est qu'on parle beaucoup de liberté d'expression. On l'a vu dans les dernières semaines avec Jimmy Kimmel aux États-Unis. Puis là, c'est supposément Trump qui met en péril la liberté d'expression. Je vais nous ramener vraiment en ça, le Québécois-Canadien. Trump n'a pas l'affaire là-dedans. On va faire un petit pas de recul ensemble. Puis ce qui est dommage, c'est qu'autant qu'on a du monde qui s'époumonne sur la liberté d'expression, dans les dernières années, tous les gestes qui ont été posés, ça n'a pas été pour renforcer la liberté d'expression, mais c'est pour créer des brèches. Rappelons-nous, au Québec, il y a quelques années, il y a un débat qui a enflammé à peu près tout le monde, les artistes, les journalistes, etc. C'était l'affaire Mike Ward. qui s'est rendu jusqu'en Cour suprême.
[00:02:29] Speaker A: Le petit Jérémie, puis le gag.
[00:02:31] Speaker B: Absolument. Puis on reviendra pas là-dessus, tout le monde se souvient du gag, etc. Mais ça s'est rendu jusqu'en Cour suprême du Canada, puis c'est Mike Ward qui a gagné. Puis souvent, c'est ce qu'on se souvient, puis c'est ça qui est le plus important. Mais je tiens à vous rappeler que ça a fini à 5 contre 4 devant la Cour suprême. On était à un juge d'avoir un basculement drastique au niveau de notre état de droit sur La liberté d'expression.
[00:02:55] Speaker A: Et... Non, non, non. Wow. C'était très intéressant ce que tu viens de dire là. Autrement dit, il y avait une forte dissidence.
[00:03:01] Speaker B: Absolument.
[00:03:02] Speaker A: La dissidence disait quoi? En gros, t'es-tu capable de... Je trouve ça super intéressant. Tu sais quoi? Tu me l'apprends. J'avais pas cette perception-là de la forte dissidence.
[00:03:12] Speaker B: Exactement.
[00:03:13] Speaker A: La dissidence, j'imagine, ne donnait pas raison à Mike.
[00:03:17] Speaker B: Non, tout à fait.
[00:03:18] Speaker A: Et blâmait Mike.
parce que le gag allait trop loin. Ton présumé, ils n'étaient pas d'accord avec l'opinion majoritaire. Donc, ils étaient contre Mike.
[00:03:27] Speaker B: Exact. Donc, la minorité, mais qui était 4 contre 5, eux, auraient rétabli la décision de la commission qui avait indemnisé au départ le petit Jérémy Gabriel.
[00:03:37] Speaker A: Très intéressant.
[00:03:38] Speaker B: Puisque la majorité, puis vous allez comprendre, à contrario, ce que la minorité ne voulait pas, mais ce que la majorité de la Cour suprême est venue dire, avec sagesse à mon avis, c'est dire On ne veut pas que les tribunaux deviennent le forum de ce qui est mauvais goût, de ce qui est de bon goût, de ce qui est une joke, une blague qui devrait être tolérée. On ne veut pas que les tribunaux embarquent là-dedans. Du moment qu'on accepte qu'il y a une liberté d'expression ici, premièrement, ça veut dire qu'il n'y a pas un corollaire au droit de ne pas être offensé. C'est un droit général qui vient avec le fait que le monde peut dire des innocenties, des imbécilités, des affaires très intelligentes, mais c'est ça la liberté d'expression. Mais on a quand même quatre magistrats du plus haut tribunal du pays qui n'étaient pas d'accord. Donc eux avaient trouvé que la blague transgressait une ligne qui aurait mérité une intervention judiciaire. Donc on était à un juge. Donc comme je vous dis précédent, quand je vous dis que c'est fragile, on était là. L'année dernière, au Québec, ils ont adopté une loi, souvenez-vous, pour venir protéger les élus municipaux et provinciaux. Souvenez-vous, il y avait beaucoup de haine supposément contre les politiciens. Pas parce que les politiciens disent une chose et font leur contraire. Non, non, mais là, beaucoup de haine, etc. — Alors, ils sont trop bons.
[00:04:56] Speaker A: En fait, on est tellement impressionné par les politiciens que des fois, on l'exprime mal. Ça déborde, on déborde d'amour.
[00:05:05] Speaker B: Alors, on se demandait, mais quel était l'objectif? Puis là, tu te voyais s'en aller devant la caméra, puis nous dire, ouais, mais là, si on a des menaces, on a des menaces de mort ou on a du harcèlement. Toutes des choses qui étaient déjà couvertes par le code criminel. Alors, quand on gratte un peu, je me souviens de François Legault en entrevue qui avait dit, Ouais, mais là, si on insulte les élus, ah, là, le chat sort du sac. Voici l'objectif de la loi, c'est venir protéger contre une certaine opinion qui pourrait être un peu plus intense ou hostile aux politiciens, mais s'il me semble qu'il y a une catégorie de personnes dans la sphère publique qui doivent et qui peuvent se faire critiquer, c'est les élus. Mais cette loi-là a été adoptée, etc. Alors là, souvent, ce qu'on nous dit, c'est « Ah, mais on a la charte qui nous protège contre... » qui protège la liberté d'expression. Deux nuances. La première, c'est que c'est pas vrai que toute atteinte à la liberté d'expression est protégée. Souvent, les tribunaux vont faire un exercice pour venir dire « Ah, mais est-ce que ça devrait être permis dans une société libre et démocratique? » Et malheureusement, il y a une tendance dans la jurisprudence qui est un peu plus laxiste. Alors, si on pense que la barre est extrêmement haute, je donne un exemple qui n'a pas nécessairement rapport avec la liberté d'expression, mais c'est en vertu de ce principe-là, par exemple, qu'on a légitimé de manière judiciaire un couvre-feu lors de la pandémie. Alors, tu sais, des fois, on a des...
[00:06:22] Speaker A: La norme du socialement acceptable.
[00:06:23] Speaker B: Alors, c'est très élastique. Il faut se souvenir que...
[00:06:26] Speaker A: Alors que la CAQ voulait plaire à sa clientèle. Alors, pour eux, la société, dans la société, Les autres, les plus vulnérables devaient être protégés, et c'était alors, de réchef socialement inacceptable, un couvre-feu, dans le raisonnement légal. Ça, ça aurait pu, par contre, moi, j'ai lu des avocats qui auraient pu challenger le couvre-feu, puis ça n'a pas été fait.
[00:06:51] Speaker B: Moi, personnellement, je n'étais pas tout à fait d'accord avec cette décision-là, puis elle n'a pas été invalidée en appel. Et le deuxième, souvent, qu'on dit, c'est... La liberté d'expression, c'est beau, c'est protégé, dans la limite où ça ne touche pas, où ça ne devient pas un discours haineux. Ah, elle est là la twist. Parce que c'est exactement les deux mains dans lesquelles le gouvernement Carney vient de se mettre ici, c'est qu'avec leur fameux projet de loi, parce que le discours haineux a toujours été interprété quand même très restrictivement. Et à juste titre, on est dans le code criminel, on ne parle pas d'une dictamande.
[00:07:26] Speaker A: Donc donnons des exemples. Des exemples. J'haïs les juifs, j'haïs les noirs, etc. Ça, c'est un discours haineux qui est direct et ça, c'est sanctionnable.
[00:07:36] Speaker B: Absolument.
[00:07:37] Speaker A: Parce que c'est l'expression directe d'une haine et ça ne mérite même pas d'interprétation.
[00:07:42] Speaker B: Exact. parce qu'on va venir un peu reprendre les critères de discrimination, donc basés sur la race, l'ethnicité, l'orientation sexuelle, l'identité de genre. Alors vous voyez, il y a des débats actuellement qui ont lieu dans la société, qui sont des débats légitimes, mais là, sous la lorniette de cette nouvelle interprétation-là, est-ce qu'on pourrait se permettre d'être aussi peut-être critique envers des positions? La question se pose.
[00:08:07] Speaker A: Et... Par exemple, se poser des questions sur...
Est-ce qu'on peut permettre aux trans de compétitionner contre des filles en natation? Ce genre de... Il y a des discussions qu'on n'avait pas avant.
[00:08:22] Speaker B: Puis c'est des discussions qui sont délicates, mais légitimes.
[00:08:25] Speaker A: Délicates, légitimes et contemporaines.
[00:08:26] Speaker B: Moi, j'ai reçu plusieurs messages récemment par rapport au fait sur ce qu'on appelle la pluriparentalité. Des gens à trois qui adoptent des enfants, etc. C'est des débats doivent s'offrir dans la société. Et on va avoir des positions qui sont plutôt tranchées. Or là, si on met tout là-dedans, justement, l'orientation sexuelle, l'identité sexuelle, on trace où la ligne avant de dire que c'est haineux. Alors pour moi, c'est un précédent qui est très dangereux. Puis tu sais, le projet de loi prévoit des exceptions, des moyens de dépense. Puis je pense qu'en une phrase, on On est capable de résumer un peu toute la complexité et l'ambiguïté du projet de loi. On dit que les Canadiens ont le droit d'exprimer du mépris ou de l'antipathie, mais doivent veiller à ne pas ressentir des émotions illégales que seraient de la détestation ou du dénigrement. Alors là, une charte, t'en perdrais ses petits. Alors c'est quoi la différence entre du mépris qui serait permis et du dénigrement qui serait illégal? Alors là, on est dans un débat de sémantique.
[00:09:28] Speaker A: Exemple. Dénigrement. Pierre Poilievre qui traite les maires d'incompétents. C'est du dénigrement, aide-moi à dénigrer. Non, c'est une opinion. Ça se démontre factuellement que tu es incompétent à cause de ceci et de cela. C'est intéressant. On s'en va vraiment dans du droit nouveau.
[00:09:47] Speaker B: Exact. Puis, ce qui est important à dire, c'est que...
[00:09:49] Speaker A: Définir dénigrement.
[00:09:51] Speaker B: Puis il y a certaines exceptions qui sont prévues au projet de loi, notamment pour les journalistes. Alors pour les journalistes, on a certains petits parapluies. Mais par exemple, pour des hommes et des femmes publics qui sont dans des postes électifs, qui normalement devraient être ceux.
[00:10:04] Speaker A: Qui devraient pouvoir avoir... Encaisser un certain niveau de critique.
[00:10:07] Speaker B: D'un côté, mais de l'autre côté, d'avoir une parole libérée et de pouvoir être capable d'amener les débats qu'ils souhaitent sur la place publique s'ils ont été élus, c'est parce qu'il y a du monde qui pense que ce qu'ils disent ça a du bon sens.
[00:10:16] Speaker A: Exemple, Stéphane Lachance qui a critiqué Vertement Marchand ce matin. C'est dans l'ajout politique tout à fait admis. Il a rien dit de... Ce que tu dis, c'est que la sphère politique doit être protégée de par son haut niveau de... de propos acerbes potentiels. Donald Trump, ça c'est permis, c'est tout à fait, c'est l'ajoute, tu droppes les gants.
[00:10:35] Speaker B: Oui, absolument. Puis il y a une chose que les gens ne savent pas beaucoup, puis moi je pense que ça passe par là la solution, parce qu'il y en a beaucoup qui vont dire, oui mais là, quand il y a des trucs haineux, puis souvenez-vous, ils vont nous ressortir un peu ce que Adil Sharkawi avait dit, etc. Mais actuellement, il y a une disposition dans le Code criminel qui permet aux juges, quand il y a des infractions dans lesquelles, justement, il y a des hauts éléments de haine et de préjugés, d'en tenir compte au niveau de l'octroi d'une peine. C'est-à-dire que ça devient un facteur aggravant, mais ce n'est pas un élément constitutif de l'infraction. Donc, tu sais, si on veut justement axer sur la haine, puis il y a des crimes qui sont commis justement sur la base de haine, etc. Ben, tenons-en compte lorsque c'est le temps de donner une peine pour être plus sévère, pour être exemplaire.
[00:11:19] Speaker A: Donnons un exemple. Quelqu'un, puis ça vient de survenir, puis on donnera les détails quand j'en aurai ou quand on en aura. Il y a eu une attaque par exemple contre des juifs au cours des dernières minutes en Angleterre, une attaque contre une synagogue. Ok. Prenons un exemple pour bien décrire, pour appuyer ce que tu dis.
Le meurtre sera sanctionné de par le meurtre, la définition du meurtre. Par contre, s'il a une connotation raciste, s'il a une connotation discriminatoire que la personne voulait expressément attaquer, des musulmans dans une mosquée, ou des juifs dans une synagogue, mais de par des écrits, de par des propos appuyés, de par une idéologie expressément... ouverte. Tu comprends? De la haine ouverte, pure, structurée. Là, il y aura une coloration dans la sanction.
[00:12:11] Speaker B: Absolument. Puis ça existe déjà.
[00:12:13] Speaker A: Je ne veux pas mourir. J'essaie toujours de mettre des exemples concrets dans ce que tu dis.
[00:12:18] Speaker B: Tout à fait.
[00:12:19] Speaker A: C'est ce que tu veux dire. Ok, parfait.
[00:12:20] Speaker B: Alors moi, je pense que si on veut accentuer, parce qu'effectivement, il y a des éléments haineux peut-être dans la société, il y a une montée de la violence, etc. Ben, utilisons les outils qu'on a, sans nécessairement venir avec, arriver avec une patente un peu ambiguë.
[00:12:35] Speaker A: Et il y a des outils, c'est ce que tu es en train de dire.
[00:12:37] Speaker B: Ça existe. Mais là, quel est l'objectif? Parce que moi, ce que je dis, c'est au niveau de la sévérité de la peine. Mais est-ce qu'on veut, justement, criminaliser le fait même d'avoir exprimé une opinion qui dérange?
[00:12:50] Speaker A: Moi, je perds de ça. Moi, je crains ça.
[00:12:52] Speaker B: Le danger est là.
[00:12:53] Speaker A: Et je crains une anglicisation, ou je devrais dire une anglaise, anglotherisisation, tu comprends? ce qu'on était en train de faire en Angleterre. Ça cogne à la porte, t'as écrit le mauvais tweet, t'as dit que tu voulais moins d'immigrants, t'es coffré. On l'a vu, ça s'est démontré. Donc, t'as exprimé une opinion politique et à ce moment-là, tu deviens la cible de l'État. Moi, je crains ça. Oui, est-ce que j'exagère?
[00:13:19] Speaker B: Non, tu n'exagères tellement pas qu'il y a même une disposition dans le projet de loi qui vient faire en sorte, actuellement, pour ce qui est des discours haineux, parce que c'est déjà encadré minimalement dans le Code criminel, il y a ce qu'on appelle la discrétion du procureur. C'est-à-dire, avant d'intenter une poursuite dans ce créneau-là, il faut le consentement du procureur général. Or, en vertu du projet de loi, cette discrétion-là serait totalement levée. Alors, il n'y aurait plus cette espèce de filtre-là qui est essentielle.
[00:13:46] Speaker A: Ça, c'est central.
[00:13:47] Speaker B: Alors, la pluie... Alors, tu sais, quand je vous parlais de l'affaire Mike Ward tantôt, la préoccupation de la majorité qui était de dire, un instant, là, on ne veut pas devenir les arbitres puis venir inonder le système de justice du bon goût, du mauvais goût. Bien là, on est en train de faire exactement ça, là. On lève la discrétion du procureur pour lui dire, let's go! Amenez-les, les poursuites en matière de discours réels.
[00:14:06] Speaker A: Donc, ce qui veut dire quoi?
[00:14:08] Speaker B: Ben multiplicité des recours.
[00:14:10] Speaker A: Tu portes plainte à la police, la police mène ça devant un juge.
[00:14:13] Speaker B: Absolument, direct. Alors est-ce que là, pis t'sais y'a un enjeu à mon avis, autant qu'on voit aux civils ce qu'on appelle des poursuites bâillons, quand on veut intimider quelqu'un parce qu'il parle trop, il dérange, des fois on va arriver avec une grosse poursuite aux civils, mais là, est-ce qu'on peut faire une plainte au niveau du discours haineux à la police pis bang, un recours. Mais là, on parle d'un recours au criminel. L'épée de Damoclès, c'est plus une amende, c'est une peine d'emprisonnement. Alors, c'est extrêmement, extrêmement préoccupant.
[00:14:44] Speaker A: Parce que la police va prendre, mettons, un commentaire. Mais la police n'aura pas analysé le mens réa de l'acte comme tel.
[00:14:52] Speaker B: C'est pas nécessairement son travail.
[00:14:55] Speaker A: La police va arriver avec le constat Et on s'en va vers le juge, mais t'sais, l'intention coupable, puis est-ce qu'il y avait vraiment une intention de susciter la haine, de susciter l'opprobre et tout ça. Si on fait lever ça, mais ça c'est dans la loi. Moi, à mon avis, c'est ça le plus grave.
[00:15:13] Speaker B: Puis on enseigne ça aux étudiants en droit à l'université, je pense qu'en droit criminel 1, c'est que notre système est basé sur un système un peu discrétionnaire en entonnoir. La première discrétion, c'est la discrétion policière. Si t'arrives devant un policier, puis tu fais une plainte qui est tout à fait frivole, C'est qu'il y a pas de bon sens, etc. Le policier, il a une certaine discrétion pour pas faire un dossier pis amener ça au procureur de la Couronne. Donc ça c'est...
[00:15:36] Speaker A: Le policier avec le jugement, on aime ça.
[00:15:38] Speaker B: Voilà. Mais le deuxième fil, c'est le procureur de la Couronne. Lui aussi, il a une espèce de jeu de jugement et de discrétion. Il est pas obligé de...
[00:15:45] Speaker A: Il demande des compléments d'enquête.
[00:15:46] Speaker B: Ouais, sauf que ce système-là, basé sur la discrétion en entonnoir, pour le discours haineux, on fait sauter le mollet du procureur de la couronne.
[00:15:55] Speaker A: C'est grave un maudit, ça. Ben, c'est une espèce de... Allô, les conservateurs, peut-être?
[00:15:59] Speaker B: Ben, c'est ça qui est dommage. À Ottawa, les projets de loi, deuxième lecture, troisième lecture, c'est comme du beurre dans le pot, on a l'impression que ça se joue dans le nez à longueur de journée. Tu sais, quand c'est rendu que t'es obligé à te rabattre, sur le Sénat, qui sont pas élus pour espérer qu'il y ait 2-3 là-dedans qui lèvent la main pis qui disent « Hey, avez-vous vu telle affaire?
[00:16:19] Speaker A: » Tu sais Jonathan, j'ai dit « Allô les conservateurs, allô les bloquistes, allô les citoyens responsables, députés, que vous soyez néo-démocrate de gauche », genre ça part, c'est le respect du droit. du droit pur et de la protection de l'individu. Que tu sois bloquiste, conservateur, dans le fond ça n'a pas rapport. Je pense aux conservateurs parce qu'ils sont la majorité. Je l'appelle la majorité, mais l'opposition officielle. Mais je veux dire, les bloquistes sont où là-dedans? C'est grave emmaudi ce qu'on raconte. Il y a-tu quelqu'un de ferré capable de comprendre? Le projet de loi du côté du Bloc ou c'est juste des anciens artistes?
[00:16:52] Speaker B: Premièrement, à lire le projet de loi, ça ne prend pas des grandes études. Vous lisez le projet de loi, vous comprenez qu'il y a une espèce de fourre-tout là-dedans. Premièrement, si vous lisez le projet de loi et que c'est incompréhensible, déjà là, il y a un problème. Il y a aussi des avocats et avocates qui sont ferrés, je connais dans la députation. Je ne comprends pas que ça ne se réveille pas à ce niveau-là. C'est extrêmement préoccupant. J'ai hâte de voir parce que c'est une brèche qui... Ben, il y a.
[00:17:19] Speaker A: Quelqu'Un qui dit perquisition sans mandat.
[00:17:23] Speaker B: Peut-être.
[00:17:23] Speaker A: C'est pas écrit, mais je veux dire, on fait sauter des filtres.
[00:17:26] Speaker B: On fait sauter des pare-feux démocratiques. Puis ça sert à quoi? C'est de protéger le citoyen contre le bras armé de l'État. L'État, lui, il y a quoi? Il y a des policiers, il y a des procureurs, il y a des ressources. Vous, vous êtes le citoyen. D'ailleurs, malheureusement, le système de justice, qui est censé être un service public, quand vous êtes dans la merde, vous aimez mieux d'être très, très, très, très pauvre ou d'avoir beaucoup d'argent.
C'est ça, c'est de se donner des protections comme citoyen contre l'État. Or là, on les fait sauter, puis c'est comme s'il n'y a pas de réaction. Puis j'ai aimé cette semaine un commentaire de Véronique Yvon, qui est une ancienne policienne que j'estime quand même beaucoup, qui dit... Écoute, on a les médias ici qui sont obsédés par ce qui se passe aux États-Unis. On a du 24-7 avec des chroniqueurs, un peu comme si on était devenu le 51e État sans savoir.
[00:18:11] Speaker A: Donald Trump a fait ça. Il a dit à l'affaire au Wyoming qu'ils sont sans balance. Ça ne nous touche pas. Intéressez-vous à nos politicos?
[00:18:17] Speaker B: Mais pendant ce temps-là, on ne s'occupe pas de ce qui se passe chez nous. Un projet de loi, à mon avis, drastique. Et j'aimerais rappeler que le gouvernement fédéral est quand même minoritaire. Donc, normalement, il n'est pas censé pouvoir passer toutes ces choses-là à pleine vapeur. Alors, j'espère qu'il va y avoir des politiciens qui vont se réveiller. Mais habituellement, quand, à votre micro, vous dites que les conservateurs dorment aux eaux gasses, ça se réveille un peu.
[00:18:39] Speaker A: Mais je sais, je vais être honnête. Je parlais à Pierre Paulus. Parce que ce qui arrive, c'est que cette loi-là, je ne sais pas si on peut appeler ça une loi omnibus, mais il y a beaucoup d'éléments dans cette loi-là qui n'ont pas rapport avec ça. C'est ça la crosse des libéraux, c'est qu'ils ont foutu ça dans la loi et là, il faut qu'ils débroussardent pour dire ça, on n'est pas d'accord avec ça. Ils veulent sortir ça de cette loi-là parce qu'il y a d'autres items intéressants dans la loi.
C'est du crossage à peu près, ce qu'ont fait les libéraux pour faire mal paraître les oppositions. C'est le jeu politique. C'est ça qu'ils sont en train de débroussailler. Me rapporte-t-on?
[00:19:15] Speaker B: Non, mais sans entrer dans les détails, ils ont des moyens parlementaires. Il y a des motions de scission, ils peuvent scinder des partis.
[00:19:21] Speaker A: Il ne faut pas que ça pause ça, on est d'accord là-dessus.
[00:19:22] Speaker B: Exactement. Mais ça, le gouvernement fait tout le temps ça. Souvenez-vous, dans la dernière session parlementaire, il avait déposé un projet de loi pour protéger les jeunes en ligne. Une affaire que tu dis, mais je.
[00:19:33] Speaker A: Ne peux pas être...
[00:19:33] Speaker B: Tu peux pas être contre la tarte aux pommes, pis t'avais une section du projet-là, tu fais mais je suis 100% d'accord avec ça. Pis après ça, bang, il arrivait avec toutes sortes de manières de dispositions liberticides, notamment au niveau de la liberté d'expression en ligne, qui c'est, wow, attends une minute, alors faut faire attention des fois parce que là après ça, ils vont dire, ah mais vous êtes contre, je me souviens, il avait dit, vous êtes contre la protection des jeunes. Alors, il faut se méfier de ce type de discours.
[00:19:56] Speaker A: C'est magnifique. Merci beaucoup, Georges. Un complément d'information, Dan.
[00:19:59] Speaker C: Oui, parce que ça brasse pas mal à Manchester. On vous rappelle... Tu sais, c'est une grosse journée aujourd'hui dans les synagogues un peu partout dans le monde, parce que c'est Womkipour. Donc, c'est une des plus grosses fêtes saintes juives. C'est passé à 4h07. Il y a un gars qui est rentré dans une synagogue avec un couteau. Deux personnes sont mortes après une attaque à la voiture et à la main blanche dans la synagogue. Il y a une troisième personne qu'on pense être le suspect qui est mort. Il a été abattu par la police. C'est sur vidéo. On l'a partout ce matin sur internet. La police déclare que le suspect pouvait avoir des objets suspects sur lui. Et puis finalement, On a demandé à tous les policiers de revenir parce qu'il y avait une bombe. Il y a une détonation qui a été entendue. Ça a été une détonation contrôlée. On a fait exploser la bombe. Le premier ministre, lui, était à Copenhague. Il est parti en toute urgence à l'aéroport pour rentrer à Londres. Et juste avant d'embarquer dans l'avion, il a appelé tous les policiers en Angleterre et il a dit « Vous foulez ». Vous foulez les synagogues de casquettes bleues. Right now. On fait rentrer tous les policiers en Angleterre. On veut des policiers dans toutes les synagogues.
[00:21:10] Speaker A: Merci beaucoup, Dan. C'est très complet. Merci, Joe. Encore une fois, c'est le fun d'aller à l'école du barreau.
[00:21:15] Speaker B: On paye nos cotisations.
[00:21:18] Speaker A: Ça a l'air à ça. Merci. OK.